Dans le cadre de sa politique proactive en matière de qualité de l’eau, atlantic'eau a récemment identifié une molécule préoccupante à Nort-sur-Erdre : le 1,4-dioxane. Cette découverte a conduit à des actions ciblées pour faire un état des lieux et mettre en place les solutions les plus adaptées dans un contexte où nous subissons les conséquences de pollutions industrielles ou agricoles passées et/ou encore actuelles.

Résumé

Identification et risques : le 1,4-dioxane, une molécule classée cancérogène possible par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), a été détecté dans un forage de l’unité de production d’eau potable à Nort-sur-Erdre. Cette substance est probablement issue de processus industriels et, bien qu’il n’existe pas de norme européenne pour cette molécule dans l'eau potable, l’ARS invite par mesure de précaution à rechercher à atteindre la valeur préconisée par l’agence américaine de protection de l’environnement, soit le seuil de 0.35 µg/L (plus protectrice que le seuil de l’OMS fixé à 50 µg/L). La dernière campagne de mesure réalisée à Nort-sur-Erdre a démontré un taux dans l’eau potable en dessous de cette valeur seuil. Le 1,4-dioxane ne peut pas être éliminé par le charbon actif. La filière actuelle de traitement de l’eau ne permet pas d’éliminer cette molécule.

Actions mises en place : atlantic’eau a engagé une analyse approfondie et étudie une stratégie à court terme visant à réduire les prélèvements dans le puits superficiel pollué afin de respecter le seuil de 0,35 µg/L. A long terme, des solutions de traitement telles que l’osmose inverse pourraient être envisagées, bien que cette technique soit coûteuse, énergivore et présente des limites technologiques.


Conclusion et actions futures

Atlantic’eau est déterminé à mettre en place des solutions concrètes pour garantir la qualité de l’eau. A court terme, des actions sont envisagées pour limiter l’exposition au 1,4-dioxane et assurer la meilleure sécurité sanitaire possible. A long terme, atlantic’eau explore des solutions curatives adaptées. 


Le 1,4-dioxane

Ce que l’on sait :

La décision d’analyser ce micropolluant sur l’ensemble des unités de production d’eau potable du territoire fait suite à une campagne nationale menée par l’ANSES de 2020 à 2022 et rendue publique aux citoyens et aux producteurs d’eau en avril 2023. A la suite, l’ARS a sollicité l’ANSES pour une nouvelle mesure de confirmation. A cette période, aucun laboratoire accrédité COFRAC n’était en mesure de permettre à atlantic’eau de lancer des campagnes de mesures complémentaires pour cette molécule. Atlantic’eau a dû attendre mai 2024 pour que des laboratoires fiables soient enfin en capacité de quantifier le 1,4-dioxane, et juillet 2024 pour qu’un de ces laboratoires obtienne son accréditation COFRAC. Ainsi, atlantic’eau n’a pu commencer ses recherches qu’à partir de mai 2024 au moment où la nouvelle usine de Nort-sur-Erdre est entrée en fonctionnement. Par ailleurs, il est important de rappeler qu’entre un prélèvement d’eau et l’arrivée des résultats, un délai d’environ un mois est généralement nécessaire.

Le 1,4-dioxane a été identifié sur une seule unité de production d’eau potable du territoire : le Plessis-Pas-Brunet à Nort-sur-Erdre. La molécule est présente dans un seul forage (un des forages de la nappe superficielle) sur les quatre exploités pour la production d’eau potable à Nort-sur-Erdre. 

 

Résultats à Nort-sur-Erdre (laboratoire Inovalys) :

 

Eaux brutes à Nort-sur-Erdre

       Eau distribuée      

F1

F2

F3

F4

Mélange eaux brutes

15/05/2024

<0,2 µg/L

3,3 µg/L

<0,2 µg/L

<0,2 µg/L

0,73 µg/L

0,99 µg/L

08/08/2024

<0,2 µg/L

3,5 µg/L

<0,2 µg/L

<0,2 µg/L

1,4 µg/L

0,51 µg/L

06/11/2024

<0,2 µg/L

1,4 µg/L

<0,2 µg/L

<0,2 µg/L

0,28 µg/L

0,3 µg/L

Limite de quantification : 0,2 µg/L. Le laboratoire n’est pas en mesure de donner des valeurs en-dessous de 0,2 µg/L.

Toxicité pour l’homme : 
Le 1,4-dioxane est classé groupe 2B, cancérogène possible pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Classification CIRC :
Groupe 1: cancérogène certain pour l'homme.
Groupe 2A : cancérogène probable pour l'homme.
Groupe 2B : cancérogène possible pour l'homme.
Groupe 3 : inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'homme.
 
Ce qu’il reste à établir :

Le 1,4-dioxane est un solvant utilisé dans de très nombreux domaines tels que l'industrie des peintures et vernis, les détergents et agents de nettoyage, l'industrie du caoutchouc et des matières plastiques, la production de la pulpe de bois... L’origine de la pollution pourrait être industrielle mais reste encore à établir.

A ce jour, les réglementations européenne et nationale ne prévoient pas de valeur réglementaire pour le 1,4-dioxane dans l’eau potable, ni de valeur sanitaire. Néanmoins, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé le critère de qualité à  50 µg/L pour l’eau potable. L’agence de protection de l’environnement des États-Unis dispose quant à elle d’une valeur de référence de 0,35 µg/L.

L’ANSES a été saisie pour une expertise sur l’évaluation de risque concernant ce paramètre avec une restitution prévue en septembre 2025. Dans cette attente, l’Agence Régionale de Santé (ARS) des Pays de la Loire invite par mesure de précaution à rechercher à atteindre la valeur préconisée par l’Agence américaine de protection de l’environnement (soit 0,35 µg/L).

 

Ce que l’on fait :

A Nort-sur-Erdre, l’approvisionnement en eau potable repose sur quatre puits et deux nappes superposées : les puits 1 et 2 dans la nappe superficielle, située entre 10 et 30 mètres de profondeur, et les puits 3 et 4 dans la nappe profonde, située entre 50 et 100 mètres de profondeur. A court terme, une solution à l’étude consiste à réduire les prélèvements dans le puits 2 de la nappe superficielle, qui est actuellement le plus exposé à la pollution par le 1,4-dioxane et les nitrates et à augmenter les prélèvements dans les puits 3 et 4 de la nappe la plus profonde. Cependant, en raison de la connexion hydraulique entre les nappes, cette stratégie comporte le risque d’accélérer la contamination de la nappe profonde, pour l’instant relativement épargnée par ces substances.

A long terme, des incertitudes existent sur les solutions techniques existantes pour éliminer cette molécule. La technique de l’osmose inverse pourrait se révéler efficace, même si cette piste très couteuse, énergivore et générant de grandes pertes d’eau reste à confirmer. De plus, un travail d’identification de la source de la molécule est engagé pour savoir si elle continue à émettre ou si elle est ancienne.  

Pour résumer, nous sommes pleinement engagés dans la recherche de solutions avec nos partenaires scientifiques :

  • à très court terme pour garantir au mieux la sécurité sanitaire de l’eau distribuée 
  • par la recherche de solutions curatives, qui pourraient répondre à terme à la contamination au 1,4-dioxane.